Chroniques urbaines #9 - Nouvelles dynamiques mondiales
- CoolinClassic

- 1 juil. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 oct.
Petits moments de voyage, ces chroniques urbaines nous emmènent à travers le monde, de l’Orient aux Amériques en passant par l’Afrique. Métropoles mondiales ou régionales, bourgades mythiques ou villes cauchemardesques, nous vous embarquons donc sur les traces d’un tourisme urbain bien souvent jouissif ! Population urbaine mondiale en forte hausse (70% en 2050), ce tourisme est d’ores et déjà en pleine (r)évolution !
Nouvelles dynamiques mondiales

Nous débarquons à Astana, devenue – entre 2019 et 2022 – Nour-Sultan, pour rendre hommage à l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev, une ville, située au cœur de la steppe. Elle se distingue par une architecture avant-gardiste symbolisée par le travail de Norman Foster, éminent représentant de l’architecture high-tech avec Richard Rogers. La tour Bayterek en est son joyau. Au pied de la structure, nous ne prenons pas conscience de sa dimension (105 mètres avec la boule d'or d’un diamètre de 22 mètres). Nulle envie de rendre hommage à la figure de l’ancien président qui a laissé son empreinte en or massif… On se taille ! Astana est remplie de ces lieux que nous vénérons, comme le café Kortem, idéal pour s’enfiler quelques karak teas. En soirée, nous rallions le pont Atyrau, qui traverse le fleuve Ichim, en passant devant la statue de Kerei Khan. Les laghman sont de retour ! Dans l’Astana Central Park, c’est fête foraine et concert gratuit, cool ! L’heure de dégoter des tenues adéquates et nous voilà dans les galeries de l’imposante Grande mosquée. Les 40 mètres de son dôme symbolisent l'âge auquel Mohammed a reçu la Révélation dans la grotte de Hira, et la taille de ses minarets (63 mètres) font référence à l'âge de sa mort, bigre ! Après un énième karak tea, au son d’une fanfare qui célèbre l’anniversaire de la ville (ou du café!), nous sommes déjà dans un train en direction de Semeï, à chercher nos couchettes qui nous serviront pendant les vingt-huit prochaines heures. À suivre...

Du haut du 24ème étage de la Dubaï Arch Tower, j’apprécie l’espace d’un instant la Dubaï. Trop vite, je suis stupéfait du ridicule que renvoie la capitale de l’émirat du même nom. Dubaï sonne faux et ses habitants ne sont pas des plus agréables. Les Arabes et Bédouins sont absents du paysage urbain, ou semblent sortir en permanence des banques d’affaires ou des gigantesques centres commerciaux futuristes, comme le Mall of the Emirates qui offre une vue spectaculaire sur une piste de ski. Du ski dans le désert ? N’ayons pas peur de la supercherie. Les Émiratis aiment passer du temps aux terrasses des cafés de luxe ou étaler leurs richesses pendant que leurs femmes font les boutiques et que Pakistanais, Philippins ou Indiens se tuent à la tâche dans les nombreux fast-foods. Ils rejoindront plus tard leurs bureaux d’État où des postes à moitié fictifs leurs sont réservés. L’image d’ouverture du pays s’arrête ainsi à des discriminations inscrites dans la constitution. Amal inaugure son appartement sur Umm Suqeim. Le soir venue, le couvre-feu d’une heure du mat’ nous fait quitter les lieux. Le progressisme veille chez Emirates…Le pays semble s’occidentaliser, les marques européennes ont déniché la poule aux œufs d’or : le monde entier fait ainsi son shopping à Dubaï. Pendant que les femmes locales circulent dans leurs habits austères, les hommes déambulent avec leurs djellabas blanches si élégantes. Si raffiné soit-il, le style dubaïote plein de pudeur est nuancé par les très nombreux étrangers qui parfois osent un peu trop. Un chouilla seulement ? Conservatrice Dubaï ? Chardja l’est bien plus. Le pays semble ignorer ses racines bédouines et son désert au profit du Golfe Persique qui abrite des îles artificielles bâties à coup de pétrodollars et à une consommation énergétique démente. Le pays est l’un des 5 plus gros pollueurs du monde. Du Burj Khalifa, la plus haute tour du monde (829,8 mètres), on comprend d’ailleurs que le ridicule ne tue pas : la ville est construite sur la mer alors que le désert s’étend à perte de vue. « C’est le pays où l’impossible devient possible comme de dessiner des îles sur la mer » disait Yann Arthus-Bertrand dans Home ; « Dubaï a du soleil à n’en plus finir mais ignore les panneaux solaires. Rien ne semble plus éloigné de la nature que Dubaï alors que rien ne dépend plus de la nature de Dubaï. C’est le totem d’une modernité totale devant laquelle la terre entière ne cesse de s’étonner ». Visiter les immenses centres commerciaux semble être l’activité presque unique de Dubaï. Comme ce nouveau culte au consumérisme est passionnant… Le Mall of the Emirates donc, le Mall of Dubaï ensuite. Il abrite 2 énormes cascades mises en relief par de belles sculptures de plongeurs, un souk hors de prix, l’énorme bassin central de l’aquarium de Dubaï. De la terrasse d’un café ou depuis son fast-food préféré, on peut alors se délecter de la fluidité de la nage de raies ou de requins. C’est fou ! Nous voici dans le monorail à traverser Palm Julmeirah, le chantier du siècle. Dubaï « est comme le nouveau phare de tout l’argent du monde ». Ici, tout est possible comme de dessiner une carte du monde à coup de bétonneuses et d’une énergie colossale. Développement non durable, non-développement même. Les milliardaires d’une humanité en panne pourront rêver de s’acheter un pays, un continent peut-être. Les chantiers sont partout, l’île paradisiaque du « chacun pour sa gueule » ne ressemble pour l’instant à pas grand-chose. Au bout, c’est l’Atlantis, le célébrissime hôtel et son excellent parc aquatique. Il nous vide notre portefeuille de manière indécente mais que c’est bon ! Vous l’aurez compris, Dubaï c’est Le loup de Wall Street côtoyant des travailleurs esclaves d’un monde moderne. Positivons : l’expatrié d’Asie du sud-est y bénéficie d’un salaire bien meilleur et peut ainsi aider sa famille et rêver d’un chez lui. Quittons Dubaïbylone pour Oman, et découvrons, enfin ?, un peu des mystères de l’Arabie.

Rendez-vous est pris à Téhéran, la monstruopole d’un pays immense peuplé de 80 millions d’habitants, dans une guesthouse dégueulasse aux tarifs exorbitants. Fazlola, un vieil homme au français soutenu, nous emmène dans une mosquée qui distribue de la nourriture à la communauté irakienne pauvre de Téhéran. C'est la foire d'empoigne : ambiance frénétique, lunch box arrachées, pluie de riz dans la mosquée ! Les 2 premiers jours de notre aventure sont d’un ennui mortel, le pays étant en veille le temps des fêtes de la nouvelle année perse (Novrouz). Demandez donc à Yuri, un lettré russe au gabarit de combattant tchétchène, s'il n'est pas en déprime ! Si les Iraniens utilisent 3 différents calendriers (le calendrier lunaire pour la religion, grégorien pour les relations internationales), le calendrier solaire perse qui commence le 21 mars est une preuve du syncrétisme qui anime le pays (le calendrier persan est l’un des legs de la culture zoroastrienne). Nous n'avons pas le temps de découvrir le Kurdistan iranien situé au nord d'un pays frontalier avec la Turquie mais surtout les monts Zagros près de la frontière irakienne. C'est bien dommage car ces régions ont l'air de toute beauté. 15 jours plus tard, il est l'heure de revenir sur Téhéran et ses très grands bazars spécialisés. Fruits secs et pistaches réputées délicieuses finiront sur les tables parisiennes et marseillaises. Des pistaches iraniennes dans un emballage écrit en langue farsi qui utilise des caractères arabes, ça fera forcément toujours plaisir ! Allez, il est temps de quitter le pays de la Fraternité tellement la population est agréable et curieuse à défaut de celui de la Liberté et de l'Egalité. Vivement des prochaines vacances plus sympathiques et arrosées !

Rendez-vous est pris à Téhéran, la monstruopole d’un pays immense peuplé de 80 millions d’habitants, dans une guesthouse dégueulasse aux tarifs exorbitants. Fazlola, un vieil homme au français soutenu, nous emmène dans une mosquée qui distribue de la nourriture à la communauté irakienne pauvre de Téhéran. C'est la foire d'empoigne : ambiance frénétique, lunch box arrachées, pluie de riz dans la mosquée ! Les 2 premiers jours de notre aventure sont d’un ennui mortel, le pays étant en veille le temps des fêtes de la nouvelle année perse (Novrouz). Demandez donc à Yuri, un lettré russe au gabarit de combattant tchétchène, s'il n'est pas en déprime ! Si les Iraniens utilisent 3 différents calendriers (le calendrier lunaire pour la religion, grégorien pour les relations internationales), le calendrier solaire perse qui commence le 21 mars est une preuve du syncrétisme qui anime le pays (le calendrier persan est l’un des legs de la culture zoroastrienne). Nous n'avons pas le temps de découvrir le Kurdistan iranien situé au nord d'un pays frontalier avec la Turquie mais surtout les monts Zagros près de la frontière irakienne. C'est bien dommage car ces régions ont l'air de toute beauté. 15 jours plus tard, il est l'heure de revenir sur Téhéran et ses très grands bazars spécialisés. Fruits secs et pistaches réputées délicieuses finiront sur les tables parisiennes et marseillaises. Des pistaches iraniennes dans un emballage écrit en langue farsi qui utilise des caractères arabes, ça fera forcément toujours plaisir ! Allez, il est temps de quitter le pays de la Fraternité tellement la population est agréable et curieuse à défaut de celui de la Liberté et de l'Egalité. Vivement des prochaines vacances plus sympathiques et arrosées !

Nous faisons une escale rapide dans le plus riche des émirats (Abou Dhabi). Nous survolons l’immense désert Rub al-Khali, le « Quart Vide » orange rougeâtre riche en pétrole. Le petit a bien grandi depuis le temps où il vivait de la pêche des perles ! Si demain nous retrouverons une société plus homogène, nous passons la journée dans une société ségrégationniste. Les nounous asiatiques s’occupent des enfants des mères émiraties qui n’ont rien d’autre à foutre que de tuer le temps dans les centres commerciaux. L’architecture ultra moderne et impressionnante s’est arrêtée aux portes de sa voisine qui me révulse (Dubaï). Pourtant, la mosquée Sheikh Zayed est celle de tous les superlatifs. Avec Maghnia, nous restons bouche-bée devant une telle splendeur. C’est Agrabah ! L’émir a choisi des matériaux nobles pour montrer au monde la puissance de son émirat (marbre de Carrare et de Macédoine, nacre, cristaux, or…) et s’est inspiré des traditions persanes et indiennes (pour les dômes), arabiques (les minarets), mauresques (arcades) ou mogholes… Les architectes ont fait les choses en (très) grand avec le plus grand dôme de mosquée du monde, le plus grand lustre et le plus grand tapis artisanal du monde... En sortant du lieu de culte, business is business ! Les boutiques de luxe, de souvenirs ou les fast-foods de cet immense centre commercial sont un lieu de passage obligé pour regagner la sortie. Pas fous ces Émiratis ! En achetant les licences (j’espère à prix d’or !) du Louvre ou du Guggenheim, en se payant les services des stars de l’architecture Jean Nouvel, Frank Gehry, Norman Forster ou Tadao Ando, ou en investissant sans limite dans le sport, l’émirat espère s’acheter une respectabilité à coup de soft power !



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