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Ces lieux de mémoire à travers le monde...

  • Photo du rédacteur: CoolinClassic
    CoolinClassic
  • 26 janv. 2022
  • 15 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 août

L’histoire moderne et contemporaine est ponctuée de terribles événements qui ont marqué ces périodes. Amoureux d’histoire, nous vous proposons 12 visites qui vous replongeront dans l’histoire douloureuse des derniers siècles.

Tuol Sleng (S-21) et Choeung Ek, Cambodge

Événement : Génocide des Khmers Rouges (1975-1979)

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Qui vient à Phnom Penh ne peut faire l’impasse sur Tuol Sleng (S-21), l’ancienne prison et centre de torture du régime génocidaire du Kampuchéa démocratique (1975-1979) de Pol Pot. Visiter l’ancienne école, c’est se plonger dans l’horreur des années Khmers rouges. Les quelques rescapés présents, sont là pour témoigner ou vendre leur (récit de) souffrance. Dans le camp d’exécution sommaire de Choeung Ek, ces champs de la mort portent bien leurs noms. La machine de mort Khmer rouge (Rithy Panh) a, ici, bien fait son travail. Lors du procès de Duch, les procureurs diront : « La politique était que personne ne pouvait sortir vivant de S-21 [...] Sous les ordres directs de l'accusé et parfois de ses propres mains, des personnes ont été soumises à des souffrances physiques et mentales intenses dans le but de leur soutirer des aveux et parfois d'infliger une punition [...] Les victimes étaient battues avec des cannes en rotin et des fouets, électrocutées ou étouffées avec des sacs en plastique attachés autour de leur tête, déshabillées et leurs parties génitales soumises à des décharges électriques ». À Choeung Ek, des bouts de tissus sortent toujours du sol. L’Angkar (« Organisation ») n’est plus et le Cambodge se reconstruit...

Tunnels de Cu Chi, Vietnam

Événements : Guerre d’Indochine (1946-1954) et du Vietnam (1963-1975)

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Au Vietnam, il est facile de se replonger dans les horreurs d'une guerre si féconde en chefs d'œuvre cinématographiques. Les tunnels de Củ Chi débouchent sur un incroyable réseau de galeries, dortoirs, cuisines... Utilisés dès la guerre d’Indochine contre l’armée française, ils frisent le génie, de l’ouverture dissimulée à l’évacuation des fumées des cuisine. Ils permettaient au Viêt-Cong de prendre les soldats américains à revers. Chaleur, humidité, forêt tropicale, violences, bombardements: fût-il possible de ne pas sombrer dans la folie à l'image de Christopher Walken dans The Deer Unter de Cimino (1978) ou du colonel Kurtz à la tête d'indigènes cachés dans la jungle opérant des violences contre les civils (Apocalypse Now) ? Folie, suicides, soldats dopés aux amphètes', à la dexedrine, l’opium, les soldats ont dus ressentir un sentiment d'impossible retour décrit Michaël Herr dans Putain de Guerre. Dans l’ancienne Saïgon, vous pourrez visiter le musée de la guerre, en fait propagande antiaméricaine sans intérêt. Agent orange, bombes chimiques, photos d'une grande violence... et après ? Comprendre, se souvenir serait plus pertinent. À Củ Chi, on peut s'essayer au maniement d'un AK 47... À vomir !

Maison des Esclaves à Gorée, Sénégal

Événement : Traite négrière atlantique (XVème-XIXème siècles)

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La Maison des Esclaves sur l’île de Gorée est devenue un lieu mémoriel majeur pour ceux qui veulent se souvenir du commerce triangulaire. Le rez-de-chaussée de l’ancienne esclaverie - l’une des dernières de l’île - est divisé en plusieurs cellules réservées aux enfants, aux hommes, aux jeunes filles… La visite valait surtout pour les récits de l’ancien conservateur Joseph N’Diaye qui en fit un lieu stratégique du tourisme mémoriel, notamment pour les Afro-américains. Des citations rappellent la tragédie de l’esclavage et met sur le même plan Gorée et Auschwitz… huh ! Les récits et affirmations de N’Diaye (la porte de non-retour ou les cellules par exemple) n’ont pas survécu aux analyses historiques sérieuses et l’île n’avait pas la même importance que le golfe de Guinée (Côte de l’Or, Baie du Bénin). Peu importe, car Gorée est le symbole plus ou moins « fictif » de l'histoire effroyable des Traite négrières !

Mémorial du génocide arménien, Arménie

Événement : Génocide de 1915

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À peine arrivé à Erevan que vous irez sûrement au mémorial du génocide de 1915 perpétré par le mouvement des Jeunes Turcs contre les Arméniens. Une logeuse, bien qu’Arménienne, pense que la reconnaissance du génocide par le parlement français est probablement le résultat du lobby arménien dans notre pays ! Aujourd’hui, seuls 29 états dont les États-Unis ou la Russie l’ont reconnu ; ce n’est pas le cas du Royaume-Uni, d’Israël ou de la Turquie. Il s’agissait de l’Empire ottoman mais ça, la Turquie semble toujours ne pas l’avoir compris ! Si Erevan n’offre que très peu d’intérêt, le pays regorge de très beaux monastères. C’est parti !

Auschwitz-Birkenau, Pologne

Événement : Shoah (1941-1945)

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Visiter Auschwitz est une expérience encore plus douloureuse que celles de Dachau ou Mauthausen (Allemagne). Le camp d’extermination permet de se rendre compte de l’échelle effroyable de l’industrie de la mort mis en place par le régime nazi. On comprend mieux ce que Robert Merle décrivait dans La mort est mon métier ; commandant du camp, Rudolf Höss était le parfait fonctionnaire de la Shoah. Une petite rue passe devant le camp. Ces Polonais ont une vue directe sur les nombreux baraquements qui accueillaient des squelettes à peine vivants et s’étalent à perte de vue ! Nous voilà entre les barbelés, à passer sous le « Arbeit macht frei ! » ou à suivre les rails du train qui s’arrêtaient entre deux monstres de fours crématoires. En plein hiver, vous ressentirez peut-être comme nous le froid glacial qui tuait à l’heure de l’appel. Une ligne directe reliait lignes Drancy à Auschwitz-Birkenau… Auschwitz est un choc lors duquel on ne ressort pas indemne.

Soweto & Robben Island, Afrique du Sud

Événement : Apartheid (1948-1991)

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En attendant Le Cap, vous visiterez peut-être le légendaire South Western Township (Soweto), célèbre pour les maisons de Mandela, de l’archevêque Desmond Tutu - prix Nobel de la paix - et pour les émeutiers de 1976 qui manifestaient contre l’obligation de l'enseignement en langue afrikaans. Son musée de l’Apartheid est fantastique. Je me rappelle de La Mama en pleurs lors de la libération de Mandela, de Steve Biko ou des visages de Victoria Mxenge et Neil Haggett dans Assimbonanga du Savuka de Johnny Clegg. Celui-ci chantait « Look across the Island into the Bay » en évoquant Robben Island. Les otaries s’amusent dans le port. Depuis Victoria & Alfred Waterfront, nous rallions « l’île des phoques » qui servit de prison politique pour les opposants noirs au régime. On l’appelait « l’université Mandela », car il y fut détenu pendant près de dix-huit ans à partir de 1964 avant d'être transféré à Pollsmoor. À la vue de sa petite cellule, c’est encore un moment rempli d’émotions. On aurait presque envie de crier « Amandla ! ».

Seodaemun Prison History Hall, Corée du Sud

Événements : Colonisation japonaise (1907-1945) et guerre de Corée (1950-1953)

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Avec la DMZ, Seodaemun Prison History Hall situé à Seodaemun-gu, est un autre lieu de mémoire majeur du pays. La prison de Gyeongseong Gamok, construite en 1907, fut utilisée par l'occupant japonais pour mater la résistance coréenne avec une violence inouïe. Les salles de torture côtoient des instruments de domination barbare, une salle de pendaison ou le bâtiment des « activités sportives ». Par la suite, le gouvernement coréen utilisa le lieu contre l'opposition - surtout communiste - avec la même cruauté. Les Japonais refusent toujours de s'excuser pour les meurtres, tortures, viols commis contre les Coréennes lorsque le pays occupait la péninsule (années 30). Pour stimuler ses soldats, l'Empire mettait des « femmes de réconfort » à leur disposition dans des « stations de réconfort » installées dans la région. Près de 200.000 femmes, dont 80 % coréennes, furent victimes de ce système de viol organisé. Depuis 1992, les victimes se rassemblent chaque mercredi devant l'ambassade du Japon pour réclamer excuses et indemnités officielles. En vain. Le négationnisme a, assurément, de belles années devant lui !

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

Événements : Guerre en ex-Yougoslavie (1992-1995) et massacre de Srebrenica (juillet 1995)

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Sarajevo porte les meurtrissures d'un XXè siècle cannibale : plaque commémorative de l'assassinat de François-Ferdinand (1914), prétexte à un premier conflit mondial, souvenirs faits à partir de douilles et mortiers, ou maisons criblées de balles rappelant la guerre en ex-Yougoslavie. Dans les environs, on peut visiter le tunnel qui permit à l'armée bosniaque de soutenir 4 ans de siège (dès 1992) et de sortir du goulet d'étranglement que constituait l'aéroport contrôlé par l'ONU mais bombardé par le voisin serbe. Si vous êtes en Bosnie le 11 juillet, vous observerez la commémoration impressionnante du massacre de Srebrenica : le pays entier se refusera à toute musique mise à part quelques discrètes notes de musique classique. J’avais assisté au passage émouvant d'un camion qui transportait les corps de nouveaux charniers découverts... Il y a plus de 20 ans, 8000 Bosniaques musulmans furent massacrés par les armées serbes de Milosevic, Mladic et autres qui, pour certains, finissent leurs jours en Serbie voisine. Les relations diplomatiques régionales sont donc houleuses ! Les Bosniaques se fient ainsi à la CPI ou au TPIY pour définir Srebrenica comme un génocide, ce que refuse la Russie… La fête des voisins doit être sympathique !

Mur de Berlin, Allemagne

Événement : Guerre froide (1947-1991/ mur de Berlin : 1961-1989)

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Berlin respire l’histoire contemporaine comme aucune autre ville. Elle fut au centre de la Seconde Guerre mondiale (capitale du IIIè Reich, Reichstag, bataille de Berlin, Gestapo, mémorial d’extermination des tsiganes, Wannsee…) et de la Guerre froide qui opposait 2 blocs ennemis. Ici, on revit presque la chute du mur et de l’URSS à la manière de Goodbye Lenin ! le très beau film de Wolfgang Becker. Après la visite de Checkpoint Charlie, on peut chasser les innombrables traces de la division de la ville entre Berlin-Est et -Ouest (feux de signalisation par exemple) ou rejoindre la mairie de Schöneberg où JFK prononça son célèbre discours. S’il y a mille choses à faire à Berlin, il ne faut pas oublier de se souvenir que cette histoire de la honte est le fruit de la mégalomanie des 2 Superpuissances. Des portions bien visibles à d’autres graffées ou accolées à l’église de réconciliation à Bernauer Strasse, l’Histoire est donc partout. On aurait presque envie de dire « Ich bin ein Berliner ! » !


Mémorial du 11 Septembre, NYC – États-Unis d’Amérique

Événement : 11 Septembre 2001

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Le 11 septembre 2001 est considéré, à juste titre, comme un évènement majeur de l'histoire contemporaine. Aujourd'hui, deux bassins carrés situés à l'emplacement même des deux tours détruites commémorent ce black day. Je me souviens être restée plus d'un quart d'heure devant ces chutes d'eau, impressionnée par leurs gigantismes. Lors d'une visite au 9/11 Memorial Museum, vous verrez nombre de photographies des tours enflammées, d'objets trouvés ainsi que des avis de recherche... Une survivante m'a conté ses difficultés à s'échapper de la tour à cause d'une fumée noire opaque qui ne lui permettait pas de voir à plus de 10 centimètre...


Sabra et Chatila à Beyrouth, Liban

Événement : Guerre du Liban (1975-1990) // massacre de Sabra et Chatila (sept. 1982)

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À Beyrouth, les marques des conflits sont très (trop) présentes dans la ville, de l’assassinat de Rafik Hariri aux chars garés sous les ponts des échangeurs routiers ! C’est un choc. Si le cœur vous en dit, prenez la direction des quartiers palestiniens de Sabra et Chatila. Pauvres, ils sont l'un des 3 « camps » de réfugiés de la ville. On aperçoit très clairement les traces de balles sur les murs des bâtiments ! Elles permettent de ne pas oublier le massacre de centaines de civils par les hommes de cet enfoiré d'Ariel Sharon, bien aidé par les Phalanges chrétiennes. Dans cette ville, on comprend aussi que le Sud Beyrouth est le quartier du Hezbollah chiite. Au Liban, les tensions religieuses et/donc politiques sont donc partout !

Bunker de Gjirokaster, Albanie

Événement : Dictature d’Enver Hoxha (1950-1985)

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Il n’est plus difficile de se replonger dans les heures sombres des anciens dictateurs du Bloc de l’Est qui prirent Staline pour modèle! À Bucarest, vous pourrez voir le plus grand bâtiment en pierre du monde (350.000m²) ou visiter l’ancienne résidence de Ceaușescu, à l’image de la mégalomanie d’un homme d’État qui se décernait les titres de « génie des Carpates » ou « Danube de la pensée » ! À Gjirokastra (Albanie), la ville de naissance d’Henver Hoxha, on peut désormais visiter un bunker des années 1960 construit pour abriter les apparatchiks du parti en cas de bombardement. Le tunnel dessert bureaux, salles de réunion, locaux techniques et forme un labyrinthe souterrain immense. Il abrite également dortoirs et appartements. Si la dictature d’Henver Hoxha fut, assurément, l’une des plus sanglantes de l’histoire de l’Europe contemporaine, ce bunker a-t-il été réellement transformé par la suite en lieu de détention pour les prisonniers politiques, en lieu de torture ? Les guides affirment que les ingénieurs chinois furent exécutés pour qu’ils ne révèlent pas l’emplacement du bunker. On en doute ! Si ce lieu permet de se souvenir de la terrible dictature albanaise, il est avant tout une machine à cash. C'est le triomphe du capitalisme !


Ouidah, Bénin & Elmina, Ghana

Événement : Traites négrières/Commerce triangulaire (XVème au XIXème siècle)

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Sur la route de Ouidah, une voiture nous permet de faire un stop à Agbodrafo dans l’ancienne maison d’un commerçant écossais qui fit fortune en dépit de l’abolition de la traite atlantique par les Britanniques. Sous la partie des maîtres, nous sommes accroupis dans la poussière à nous imaginer la (sur)vie des esclaves avant leur voyage vers le Nouveau Monde. Nous réactiverons cette mémoire de la Côte des Esclaves dès notre arrivée dans le Bénin voisin. Dans Les Passagers du vent, l’une des séries BD de ma jeunesse, François Bourgeon fit « œuvre d’historien » (dixit Catherine Coquery-Vidrovitch). Son Comptoir de Juda (tome 3) se déroule ici… Je me rappelle d’Isa et Mary dégoûtées par la visite des geôles, d’Hoel empoisonné par un Vodounô. Car, si l’ancien royaume a joué un immense rôle dans le Commerce triangulaire, il est aussi célèbre pour être un entrecroisement des « religions ! Avant de naviguer dans les méandres du vodoun, nous nous plongeons dans le passé esclavagiste de la ville au travers du parcours mémoriel en essayant de suivre les explications incompréhensibles de Massané. Nous voilà place des enchères, devant l’Arbre de l’Oubli, le Mémorial du Souvenir, l’Arbre du Retour, les cases Zomaï ou la symbolique porte de Non-Retour. Nous partons à la découverte de l’ancienne feitoria (comptoir portugais) coloniale fortifiée, témoignage majeur de la Côte de l’Or. Ici, comme à Elmina, nous sommes dans Les tams-tams de l’Afrique, la chanson parfaite d’I Am pour enseigner la traite Atlantique, à une exception près : l’absence du rôle joué par les tribus africaines, rôle justement mis en lumière par Olivier Grenouilleau (Les Traites négrières. Essai d’histoire globale, 2004).  La maison de couleur pastel de l’île de Gorée fait pâle figure face aux deux forts que nous visitons. Si au Sénégal, seul le symbole compte, la vérité historique est ici prégnante. Les geôles immenses font froid dans le dos. Des familles, le plus souvent américaines, ont disposé des couronnes de fleurs en l’honneur de leurs ancêtres. Les sensations sont les mêmes dans celui d’Elmina, premier comptoir européen dans le golfe de Guinée ; celui-ci était portugais.

 

Site historique de Minidoka, Idaho

Événement : États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale (1941-1945)

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Sur la route de l’Idaho, le site historique de Minidoka nous plonge dans une histoire bien dégueulasse... Treize mille Nippo-Américains, considérés comme des traites par le gouvernement fédéral américain pendant la Seconde Guerre mondiale, furent internés – de manière totalement inconstitutionnelle – en plein désert de l’Idaho aux côtés de leur famille. Entouré de barbelés, le centre de réinstallation s'étendait sur 34.063 acres et était divisé en zones fonctionnelles distinctes. Nous lisons des témoignages assez forts de cette histoire méconnue. Deux baraquements sont sur le chemin d’un petit sentier mémoriel. « An American Concentration Camp » peut-on lire sur le site du National Park Service. Un camp de concentration, vraiment ? Qu’importe, car « Minidoka preserves the legacy and teaches the importance of civil liberties. »...

 

Ancienne ville de Varosha, République turque de Chypre du Nord

Événement : dictature des Colonels (1967-1974) et invasion turque de 1974

La paix de 1960, suite à l’indépendance du Royaume-Uni, a engendré de forts troubles. Depuis, les ultra-nationalistes grecs considèrent, sans tenir compte de la forte minorité musulmane, que la réunion de l'île à la Grèce (ἔνωσις/Énosis) est la dernière étape d’une union culturelle, historique, ethnique, religieuse, évidemment grecque : c’est leur Grande Idée à la con ! Ces radicaux, appuyés par l’organisation paramilitaire EOKA B et par la dictature des colonels au pouvoir en Grèce depuis 1967, tentèrent un coup d'État (1974), provoquèrent l’invasion de l’île par les Forces armées turques, la chute de la junte militaire grecque, de nombreuses violences et le partage en deux d’une île devenue bicéphale. Pour rallier Famagouste, encore marquée par les événements de 1974, la route passe au milieu d’une base souveraine britannique (Dhekelia), qui partage une frontière avec la république turque de Chypre du Nord, et d’une zone tampon sous administration onusienne qui isole les deux Républiques ennemies. Si l’on y ajoute les deux villages mixtes d’Agios Androlikos et de Yesilköy et quatre enclaves sous souveraineté chypriote, Dhekelia est l’exemple parfait de Géozarbie… Les yeux rivés sur Googlemap, nous tentons de comprendre l’incompréhensible ! Pour visiter le lieu de mémoire qu’est devenue Varosha, il nous faut passer par une terre vidée de ses hommes depuis plus de quarante ans. Le barrage frontalier derrière nous, nous traversons un immense no man’s land où des panneaux interdisent tout témoignage photographique. Les menaces sont sévères ! Et puis quoi encore ?... J’immortalise très vite l’instant ! Nos pouces nous font l’immense honneur d’une rencontre fortuite avec Foudini et Maria, deux sœurs qui reviennent pour la première fois depuis des lustres dans le temps de leur jeunesse. Elles nous content leurs souvenirs douloureux et la demande d’indemnisation de près de trois cents Chypriotes grecs pour obtenir réparation (immobilière). Il faut peu d’imagination pour percevoir la splendeur que devait être la cité balnéaire à son apogée dans les années 1970 ; Elizabeth Taylor, Richard Burton, Raquel Welch ou Brigitte Bardot en avait fait leur lieu de villégiature estivale. Nous récupérons des vélos pour circuler dans Leonidas, Vienna Corner, JFK Avenue ou autres, bref dans cette ville devenue fantôme… Une balade qui serait presque romantique sans la présence des Casques bleus ! Tout cela est certes dramatique, mais assez fascinant.


Quartier d’El Biar & Casbah, Alger

Événement : bataille d’Alger (1957) & guerre d’Algérie (1954-1962)

La Bataille d’Alger, le film de Pontecorvo (1966), tourne en boucle dans Alger. À quelques heures de l’anniversaire du 1er novembre 1954, date du déclenchement des « événements d’Algérie » (une guerre !!!), c’est bien normal. Si la casbah de la ville blanche tombe en ruine, ses ruelles étroites étaient celle de la bataille centrale du conflit. En 1957, le FLN mena bataille dans le but de se révolter contre des paras français, volontaires pour « pacifier » le secteur. Quelque part dans le labyrinthe de la casbah, vous tomberez sur un « musée » qui met en avant les figures de lutte : Ali la Pointe, Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif ou Yacef Saâdi. « On dit que la révolution a été celle du peuple. En fait l’expression n’est pas très juste. La révolution a été le fait d’un groupe de militants qui ont dirigé ce peuple. » déclara Slimane Bentobbal, l'un des leaders du FLN en 1997. Les amoureux d’histoire rejoindront aussi la villa Susini, une bâtisse néo-mauresque et surtout ancien centre de torture. L’ancien officier Aussaresses témoigne y avoir croisé Jean-Marie Le Pen, et l’appelé Henri Pouillot affirma y avoir été affecté. Plus loin, vous pourrez pister, dans le quartier d’El Biar, le QG des barbouzes de De Gaulle qui traquaient l’OAS ou, au 94 avenue Georges Clemenceau (aujourd’hui Ali Khodja), le « centre de tri » qui vit passer Maurice Audin et Henri Alleg. La guerre d’Algérie, « ce passé qui ne passe pas », une mémoire à ne surtout pas oublier !


Sites lituaniens de la Guerre Froide, Lituanie

Événement : Guerre Froide (1947-1990)

Dans les pays baltes, notre voyage ressemble à Back to U.S.S.R : « Hey, I'm back In the U.S.S.R / You don't know how lucky you are, boys / Back in the U.S.S.R ». À Kaunas, nous rejoignons le mémorial des victimes du fascisme. En face, le Neuvième fort fut utilisé comme lieu de sévices par le NKVD, l’organisation de destruction de tous types d’opposition au régime soviétique et de mise en place de la terreur. Nous voilà surtout dans l’un des anciens bunkers du KGB. Dans l’un des sous-sols d’une zone industrielle bien merdique, c’est la caverne d’Ali Baba. Pour nous, amoureux de l’histoire contemporaine, la cave grouille de trésors. Au point de ne pas regretter nos 100 balles de visite privée ! La collection d’objets de marchands juifs de Kaunas côtoie des inventions qu’aurait aimé créer le retraité Q ou ceux soucieux de La vie des autres ! On y trouve aussi la plus grande collection de masques à gaz du continent, notamment ceux de la minisérie géniale d’HBO : Chernobyl. Ah, les années 30 puis la guerre Froide, Une époque formidable ! Il fait un froid de canard au bord du lac Plateliai. Pas de quoi nous décourager de rejoindre la base de lancement de missiles nucléaires de Plokštinė. Planquée dans les forêts denses du parc national de Žemaitija, la base secrète fut habitée par 300 personnes. Visite en mode 007 du temps de la guerre Froide !

 Maison des Feuilles, Tirana, Albanie

Événement : Dictature d’Henver Hoxha (1945-1985)

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Le cauchemar des Albanais est palpable dans la Maison des Feuilles, symbole de l’occupation fasciste, puis siège de la Gestapo, enfin du régime stalinien d’Enver Hoxha. Trois cartes du célèbre jeu des Sept salopards ! Après les objets du NKVD à Kaunas, voici ceux de la Sigurimi (Direction de la sûreté de l’État) : c’est encore La Vie des autres que l’on espionnait ! Plus loin, nous sommes dans les entrailles gigantesques de l’un des 600 ou 700.000 bunkers construits dans le pays entre 1967 et 1985. Avec une casemate pour 11 habitants, la « bunkérisation » d’Hoxha poussa le pays à la ruine et révéla la paranoïa de son chef, hostile au bloc de l’Ouest, à l’URSS, la Chine ou l’ex-Yougoslavie. Isolé du reste du monde pendant deux décennies !


...Parmi les sites visités ci-dessous:

Afrique : Elmina, Ouidah, ancienne maison des esclaves à Agbodrafo, Musée de l’Apartheid, Rufisque, Soweto, quartier d’El Biar, Casbah d’Alger / Amérique : Mémorial du 11 septembre, Ellis Island, mémorial de l'attentat Pinochet, palais de La Moneda / Asie : Jakarta memorial, Cu Chi tunnels, tombe de Gandhi, jardin d'Amritsar, The War memorial of Korea, DMZ Corée, DMZ Vietnam, place Tien An Men, Killing Fields, Soedaemun Prison, S-21 / Polygone de Semipalatink, Semeï, Kazakhstan Europe : Dhekelia, site historique de Minidoka, ancienne ville de Varosha, Maison des Feuilles, base de lancement de missiles nucléaires de Plokštinė, Mémorial des victimes du fascisme, ancien bunker du KGB à Kaunas, Mémorial des crimes du communisme Sighetu Marmarei, Neuvième fort – lieu de sévices du NKVD, Peyrepetuse, Montségur, Craonne, Oradour-sur-Glane, Mauthausen, Mémorial du génocide arménien, maison d'Anne Franck, maison de Ceaucescu, Quartier mussolinien de Rome, Sarajevo, Auschwitz, Drancy, Varsovie, Wannsee, Dachau, Berlin / Proche & Moyen-Orient : Sabra et Chatila, mémorial Rafik Hariri


À suivre...



 
 
 

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