Mille façons de boire le thé !
- CoolinClassic
- 20 avr. 2020
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 avr.
Un thé au Sahara
Dans le Sud tunisien, le chamelier Lahid nous prépare le breuvage à chaque moment où notre « caravane » se pose : matin, midi et soir. Son thé, fait de thé vert non lavé, est sucré, un brin amer. La menthe est donc restée aux portes du plus grand désert chaud du monde : le Sahara. On retrouve le divin breuvage dans les rues d’Alger, même s’il est parfois agrémenté de brins de menthe fraîche, déposé directement dans le vert. La version algéroise n’est que, très rarement, sucré, mais parfois accompagné de fleur d’oranger… Amer délice !

Les saveurs béninoises du clou de girofle
Dans les rues de Cotonou, une nouvelle version de l’ataya sénégalaise interpelle. Un jeune homme prépare le thé, sous un arbre, à l’abri des très fortes chaleurs. Vous découvrirez le thé au clou de girofle. Est-ce une singularité béninoise ? L’homme utilise, comme partout en Afrique, ces petits verres typiques de notre boisson préférée. Les invités boiront les premiers. Avant de servir, les verres seront rincés plusieurs fois afin d’y retirer le sucre, qui s’est accumulé au moment de la préparation. Ici aussi, ça mousse ! Vous apprendrez qu’au Bénin, l’épice est partout et des infusions de clou de girofle et de gingembre se vendent comme des petits pains. Elle soignerait de très nombreux maux (acné, rage de dents, allergies, arthrite, migraines, infections urinaires, pellicules, douleurs musculaires, rhumatismes, maux d’estomac, infections virales). Ami, ressers-nous !
Un thé turc en Orient
Dans les bazars des villes orientales, comment ne pas apprécier le thé turc, assez fort et amer, que l’on boit du matin au soir. Les senteurs de tabac aromatisé se dégagent des ruelles des vieilles villes. Les mosquées ne sont jamais très loin, le café turc prend souvent place à la terrasse de ces lieux de sociabilité. On préfère le thé noir servi dans des petits verres en forme de tulipe, que j’agrémente de sucre pour casser l’amertume. À la manière maghrébine, Maghnia le préfère sans sucre… le baklava se chargera de cela ! Il est servi soit « koyu » (foncé) ou « açik » (plus clair). Est-il préparé avec un samovar traditionnel ou un çaydanlik (une théière à 2 étages composée du thé et de sa bouilloire) ? Mystère ! Il paraît que le meilleur est l’Organik Hemşin Çayi, ramassé à la main pour une communauté arménienne musulmane. Gloire à Istanbul ou Sarajevo !

Un thé glacé en Asie orientale
Les fortes chaleurs asiatiques vous donneront, à coup sûr, envie d’un thé glacé aux saveurs de lime, ce citron exotique au goût très prononcé. On en voit partout, sur les petites tables en plastique qui font office de terrasses de cafés. En Malaisie (très sucré) ou au Vietnam, le thé glacé c’est la vie !
Un yerba maté sur les bords du Rio de la Plata
Sur les bords du Rio de la Plata, vous croiserez forcément quelques passants un thermos sous le bras et une calebasse et sa bombilla dans la main. Et en voyage, vous croiserez - à coup sûr ! - des Argentins ou Uruguayens accrochés à leur calebasse. De passage dans la ville - inintéressante au possible - qu'est Asunción, vous pourrez tester le tereré, une version froide du maté. Franchement âpre et dégueulasse ! À Buenos Aires ou à Montevideo, le « thé des Jésuites » cultivé par les Guaranis dans la province de Misiones, celle filmée par Roland Joffé dans l'excellent Mission, est roi !

Un rooibos aux saveurs africaines
Voici le parfait parfum d’Afrique du sud dans votre tasse. En balade dans le pays, vous trouverez cette tisane surnommée « buisson rougeâtre » dans chacune des auberges que vous choisirez. Le thé rouge dans la « nation arc-en-ciel », pas vraiment peaceful et bien dangereuse, c'est hakuna matata !
Un thé à la menthe très cérémonial
À la terrasse d’un café ou à la maison, parfois accompagné d’une pâtisserie très sucrée, le thé à la menthe est une institution des pays d’Afrique du nord. Au Sénégal, l’ataya des 3 thés prend une bonne partie de la journée. C'est simple, à Dakar, Rufisque ou Pikine, on passe notre temps à cela en écoutant les maîtres de la musique mbalax que sont Youssou N'Dour ou Viviane. De plus en plus sucré et de moins en moins amer, le dicton local prend alors tout son sens : « Amer comme la mort, doux comme la vie, fort comme l’amour » !

Un oolong à Taïwan
Les monts AliShan offrent un bel exemple de la qualité des oolongs taiwanais. La région est magnifique, la randonnée qui permet de rallier l'habitat du peuple indigène Tsou, superbe. Ici, les thés à oxydation incomplète sont une alternative aux thés noirs ou verts., que l'on boit beaucoup dans la région. Un entre-deux tout à fait remarquable dans l’un des grands pays producteurs de thé !
Un thé dans une tchaykhana ouzbèke
En Ouzbékistan, le thé est partout, à tout instant de la journée, du début à la fin du repas. Thé vert (kok-tchoy) dans les campagnes ou thé noir (kora-tchoy) à Tachkent, le breuvage est la plus populaire des boissons, celle de l’hospitalité. Si l’on trouve des samovars sur les routes de la Soie, la préparation ouzbèke suit un cérémonial bien précis. La boisson devra être préparée en plusieurs fois, la théière remplie à moitié, au ¾, enfin complétement. On tiendra la tasse (piala) de la main droite, la gauche étant impure, et le thé devra être versé 3 fois dans son contenant. Le premier thé étanchera la soif, le second isolera du froid et du danger, le troisième éteindra le feu. Déchaussé avant d’entrer dans la maison ou dans une tchaykhana, il sera alors temps de goûter le breuvage parfois agrémenté d’herbes, d’épices, ou de lait comme dans la région du Karakalpakstan. Mais aussi d’amandes et de pistaches sauvages. Vous aussi, vivez votre épopée comme Marco Polo !

Le teh tarik malaisien
Héritage de la colonisation britannique, les plantations de thés des Cameron Highlands permettent la fabrication du teh tarik (aussi appelé pull tea), un thé très sucré à base de lait concentré ; le teh halia au gingembre rappelle même étrangement le chai des Indes. Dans les Cameron Highlands, les collines vertes des plantations sont un patchwork superbe. Très belle est cette région, mais les saveurs du réputé BOH (Cameron Gold Blend, Tea Palas Supreme) me déçoivent. N'est pas Darjeeling qui veut ! Pourtant, deux Anglaises habituées aux English breakfast imbuvables de PG ou Tetley les trouvent exquis... En accompagnement d’un roti canai, le teh tarik est un incontournable du voyageur sur les routes d’Asie du sud-est !
La cérémonie du matcha japonais
La fascinante cérémonie du thé (chanoyu) issue du bouddhisme zen est le maniérisme poussé à son paroxysme : on rentre sur les genoux dans la chambre du thé avant de suivre les gestes très précis de son hôte assis en position seize sur le tatami. Les ustensiles (bol, fouet, écope à thé) sont rituellement nettoyés puis séparés. Avant de boire le matcha, une poudre très fine de thé vert moulu et fouetté, par petites gorgées, il faut tourner le bol deux fois. On l’essuie ensuite, le tourne dans sa position originelle puis on se courbe pour remercier son hôte. Au Japon, on ne rigole pas avec le matcha !

Le thé au beurre des steppes
Dans les steppes d'Asie centrale, le thé est cuisiné avec du beurre de yak salé. On le goûte dans un café caché au fond des campagnes iranniennes., peu avant de rallier Chak Chak, un lieu de pèlerinage zoroastrien assez incroyable. Leur temple du feu est perché dans les falaises. Leur temple du feu est perché dans les falaises. Bref, on goûte le thé au beurre et c’est franchement dégueulasse... fuyez !
Un Tea time so british !
À Londres ou ailleurs en Angleterre, offrez-vous quelques heures de bonheur dans l’un des innombrables salons de thé du pays. Nous sommes dans le territoire de Maghnia, amoureuse de cette ville comme jamais. Elle nous déniche un salon de thé caché dans l’un des sous-sol de la capitale britannique. Accompagné de scones, de petits sandwichs à la marmelade ou au rosbeef et autres pastries, le tea time est un régal à la hauteur de son prix !

Un chai aux Indes
Grand pays producteur de thé, l’Inde est reconnue pour son fameux Darjeeling. La région de l’Assam offre un thé basique utilisé dans un lait bouilli relevé de sucre ou/et de lait concentré : le chai. À Calcutta, ce délice est servi dans des coupes en terre cuite qui seront fracassées au sol ; il s’agit d’éviter de boire dans la même tasse qu’une personne d’une autre caste ! On en trouve ainsi des milliers qui jonchent les rues de la Cité de la Joie (R. Joffé). Un autre monde… Ajoutez un peu de massala à votre thé et vous obtiendrez un breuvage exquis. (Massala) Chai, I love you !
Le gongfu cha pour des thés chinois
Méthode de préparation chinoise du thé, particulièrement pratiquée dans le Guangdong, on découvre l’art du gongfu cha lors d’une dégustation de pu-erh dans une cité du Yunnan. Thés au jasmin, oolongs ou autres, qu’importe : la Chine est LE pays du thé et le gongfu cha une institution. Vous pourrez également absorber une grande quantité de thé lorsque vous commanderez des dim sums, mets servis lors du yam cha (« dégustation de thé »). Rappelez-vous en Chine, « Anytime is tea time in a chinese home » !

Des thés coréens aux saveurs particulières
De Séoul à Busan, vous pourrez goûter des infusions de racines (à base de ginseng - insam cha-, de gingembre -saeggang cha-…), de fruits (jujube ou yuzu) et surtout de graines torréfiées qui font la spécificité des salons de thé coréens. Infusions de riz, de maïs ou d’orge, le pays offre des variétés uniques au monde. N’oubliez pas de goûter au fameux thé à la mandarine de Jeju. Hanguk power !
Le thé aux amandes des Tunisiens
À l'abri des fortes chaleurs du pays, les médinas offrent des refuges parfaits pour les amoureux de thé ! Le breuvage est souvent assez fort, un peu (trop !) amer, et moyennement sucré. Le classique de la région à base de thé vert et de menthe, est ici agrémenté de noisettes, de pignons ou surtout d'amandes effilées. Ainsi, le thé tunisien est moins sucré et plus amer qu’ailleurs au Maghreb, et parfois accompagné de ces petites pâtisseries qui feraient bondir de joie mon père. À goûter de toute urgence !

Un thé irakien aux saveurs de cardamome
Dans le Moyen-Orient, le thé est partout. On le boit noir et sucré, très sucré ! En Irak, il est relevé à la cardamome et très fort. Le son des petits verres appelés istikan résonne rue al-Mutanabbi à Bagdad. Au café Shabandar, La Mecque des intellectuels irakiens, le thé au citron coule à flots. S'agit-il du chaï noomi basra, une boisson à base de limou omani (lime d’Oman) fréquente dans le Sud du pays ? Les citrons verts bouillis dans de l’eau salée seront séchés au soleil. C'est amer. Quant à nous, nous préférons de loin celui à la cardamome, appelé Karak au Koweït !
Un samovar en Asie centrale
En Asie centrale ou ex-URSS, j’ai trouvé mon graal : un samovar rempli d’eau bouillante. Au sommet, une théière d’un breuvage très concentré attend d’être utilisée. Vous trouverez des samovars en Ouzbékistan, dans les steppes kirghizes, en Iran où le tchây est accompagné d’une sucette de miel ou dans les çai evi qui parsèment les routes azéries. Le batcha (en photo) y sert le thé noir ou vert au gré des préférences. Mais aussi en Turquie… accompagné d’un turkish delight s’il-vous-plaît !

Sri Lanka, le pays du thé
Au Sri Lanka, les Anglais ont laissé leur empreinte. Le thé est partout, des montagnes du centre de l’île autour de Nuwara Eliya à une infusion Ayurveda, en passant par le Nestea, une variante du thé au lait, parfois préparé en machine et un peu mousseux. Dans le très beau domaine Pedro, l’une des plus anciennes usines – construite en 1885 – fonctionne toujours avec la machinerie de l’époque. Nous voilà dans une mer de de théiers. Ici, on y produit des thés noirs, plus ou moins légers, parfois de grande qualité (des Broken Orange Pekoe). L’après-midi, nous nous offrons un somptueux tea time dans un hôtel colonial de toute beauté. Nehru, et les autres grands de son époque, y ont jadis séjourné. Après un thé vert Ceylon young, on enchaîne avec un oolong, un Nuwara Eliya Pekoe Prince of Kandy, un thé à la cannelle, enfin une infusion à l’hibiscus. Sandwiches (saumon écossais, œuf mayo…), bouchés salées, pâtisseries (tarte, opéra, carrot cake…), enfin scones à la crème Devonshire et confiture à la fraise…
Un thé Karak au Koweït
Dans le Moyen-Orient, le thé est partout. On le boit noir et sucré, très sucré ! En Irak, il est relevé à la cardamome et très fort. Le son des petits verres appelés istikan résonne rue al-Mutanabbi à Bagdad. Au café Shabandar, La Mecque des intellectuels irakiens, le thé au citron coule à flots. S'agit-il du chaï noomi basra, une boisson à base de limou omani (lime d’Oman) fréquente dans le Sud du pays ? Les citrons verts bouillis dans de l’eau salée seront séchés au soleil. C'est amer. Quant à nous, nous préférons de loin celui à la cardamome, appelé Karak au Koweït !



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